Le henné symbole de Séduction

Soin, ornement et talisman
Le henné est un arbuste probablement originaire du sud de l’Iran. Ses feuilles à l’odeur terreuse sont depuis l’Antiquité connue pour leurs propriétés
Colorantes, antiseptiques, astringentes et anti-odorantes entre autres, et elles étaient déjà utilisées au temps des Pharaons lors des rites funéraires.
On connaît le henné pour ses feuilles donc, mais il est aussi apprécié pour le parfum délicat de ses fleurs, notamment au Moyen-Orient. Ce parfum est cité dans la Bible plusieurs fois dans le Cantique des Cantiques : “Mon bien-aimé est pour moi comme une grappe de henné dans les vignes d’Eyn-Guédi.”
Jeu de mots, jeu de mots ! Oui, ici aussi, on a le long confinement… Cette semaine, Désoriental te raconte la tradition du tatouage au henné. Et qui sait, peut-être qu’à la fin de cet article toi aussi tu sauras tatouer …
Le henné accompagne les événements heureux de la vie depuis des millénaires, dans de nombreuses cultures et spiritualités.

Il accompagne aussi parfois des rites chamaniques. Enduit sur tout le corps, sur les mains, sur les pieds, sur la tête, dessiné en tatouage éphémère ou posé en pâte, il symbolise le bonheur, la fertilité, la vie et éloigne le mauvais œil.
Du côté des techniques, on travaillait autrefois le dessin à la main, au bâton, au tampon ; désormais à l’aiguille, au cône, au “sparadrap pochoir” ou au pinceau. Le mélange de base est fait de poudre de henné et d’eau, mais on voit parfois s’ajouter d’autres éléments, dans la pâte ou à côté, pour vivifier la couleur du tatouage ou apporter d’autres symboles de bonheur : citron et sucre, œuf, dattes, fruits, bissap, bougies, …
S’il est connu pour l’enterrement de vie de jeune fille, dans certaines cultures, les hommes aussi ont, eux aussi, droit à leur rituel festif du henné avant le mariage, avec des dessins plus simples. C’est le cas chez les Kumaoni d’Inde et du Népal ou au Yémen lors du ‘alam al henna, qui peut parfois finir en bataille de henné virile !

Les motifs nord-africains, juifs ou musulmans, sont parfois inspirés des dessins tribaux berbères, parfois en arabesques. Les tatouages tchadiens ou soudanais ont eu des traits épais et beaucoup de lignes, les motifs somalis sont eux plutôt floraux. Les Roms alternent géométrie et arabesques. Là où les motifs musulmans et juifs sont abstraits, les motifs hindous sont figuratifs et très remplis : lotus, paon, motif cachemire, dessin des mariés, du dieu Ganesh, …
Dans les années 1990, il devient pop mainstream avec des artistes comme Madonna et Gwen Stefani. Plus récemment, on a pu voir Beyonce avec un tatouage sur le ventre lors de sa baby shower, Rihanna se faire tatouer la main façon mehndï, ou encore la chanteuse Pia Mia porter régulièrement des motifs traditionnels sur son corps.
Le henné s’est également invité dans les défilés ces dernières années, en « tatouage-gant » chez Antonio Berardi en 2018 et chez Dior en camaïeu de teintures l’an dernier.



Il est question ici d’appropriation culturelle, même si certains henna artists dont c’est la culture estiment que cela contribue à faire reconnaître mondialement le tatouage au henné en tant qu’art, souvent dans le respect de la tradition et des artistes.
Personnellement « J’adore voir le henné utilisé et apprécié en occident et dans le monde. Je ne vois pas cela comme une appropriation, mais plutôt comme une appréciation. Les femmes de l’ouest que j’ai vues le pratiquer ont un tel amour pour l’art du henné. »
Oui j'avoue que, cette question d’appropriation culturelle est complexe.
Aujourd’hui, le henné est aussi source de micro-tendances cosmétiques comme les faux freckles, les coloris glittery, l’utilisation du jagua sud-américain à la place du henné pour une couleur foncée, mais sans danger, ou l’utilisation du henné comme autobronzant naturel.
Objet pop récupéré s’il en est, le tatouage au henné est aussi revisité par les héritiers de cet art, avec des tendances comme les motifs de mehndi en skylines de grandes villes, ou les motifs affinés et modernisés, l’Art d’ANTAN { diel zeman}
HORA magazine / Beauté / Mars 2025