FEMME DU MOIS / ELISA BIAGI – INTERVIEW

par horamagazine
ELISA BIAGI
Le Fil Rouge de la mémoire et de la passion

Née à Rome, ELLE a découvert très jeune le pouvoir du théâtre, un art qui ne la quittera plus. Formée entre Rome, Londres, Paris et les États-Unis, elle forge une identité d’artiste cosmopolite et engagée.

Avec son seul-en-scène Le Fil Rouge, inspiré de l’histoire de sa grand-mère pendant la guerre d’Algérie, elle tisse un lien entre les générations et les cultures.

Aujourd’hui, entre l’Algérie, l’Italie et la France, Elisa incarne une comédienne de cœur, guidée par la mémoire, la passion et la lumière du partage.

Interview – Elisa Biagi – HORA Magazine

Interview exclusive – Elisa Biagi

1 — Parlez-nous de votre personne ?
Je m’appelle Elisa Biagi, j’ai 25 ans, autrice et comédienne d’origine italo-algérienne. Née à Rome, j’y ai grandi entourée de mes parents et de ma sœur, ma meilleure amie et confidente. Du côté paternel, Rome coule dans nos veines : mon père y est né, tout comme ma grand-mère Luigina, tandis que mon grand-père Pietro venait d’un petit village niché dans les Apennins. Du côté maternel, ma mère est née en Algérie, issue d’une famille révolutionnaire Kabyle. Mon grand-père Hafid, officier de l’ALN, était originaire de Takhlijt Ath Atsou, et ma grand-mère Nouara, de Ichelibane. Passionnée de dessin, d’écriture et de théâtre, j’ai trouvé sur scène un lieu où toutes mes passions se rejoignent. Il y a trois ans, j’ai écrit Le Fil Rouge, un spectacle qui explore la question identitaire et l’histoire de ma grand-mère pendant la guerre d’Algérie.
2 — Vous avez découvert le théâtre à seulement huit ans. Qu’est-ce qui vous a attirée vers cette forme d’expression ?
J’ai toujours été une enfant pleine d’imagination. Je transformais tout en histoires : un coussin devenait un bateau, le salon un pays lointain. La première fois que je suis montée sur scène, j’interprétais Lucia dans I promessi sposi. Pour la première fois, je me suis sentie à ma place : mon énergie était canalisée et mes émotions parlaient pour moi. Pendant l’adolescence, cela m’a énormément aidée.
3 — Rome, Londres, Paris, États-Unis… Comment ces expériences ont-elles façonné votre identité ?
J’ai eu la chance d’avoir des parents qui ont toujours soutenu ma passion. Voyager jeune m’a permis de découvrir de nouvelles approches théâtrales, d’affiner ma technique et de rencontrer des personnes déterminantes. Quitter mes repères familiaux et linguistiques m’a fait grandir et devenir plus autonome.
4 — Le Fil Rouge est un projet intime. Comment est née cette création ?
J’ai commencé à écrire ce spectacle comme mémoire de fin d’études aux Cours Florent. Le point de départ a été la question identitaire, souvent ravivée lorsque l’on me demandait d’où je venais. Peu à peu, ce questionnement m’a menée à la guerre d’Algérie et à l’histoire de ma grand-mère. Jouer ce spectacle reste une émotion immense, surtout lorsqu’elle était dans la salle. J’ai été entourée d’une équipe formidable, notamment ma metteuse en scène Anaïs Caroff et la musicienne Laurie-Anne Polo.
5 — Que représente l’Algérie aujourd’hui dans votre parcours ?
L’Algérie a beaucoup cru en moi. Je pense au public qui parfois parcourait des kilomètres, à ceux qui partageaient leurs histoires familiales. Aborder la guerre d’Algérie, c’est toucher à des mémoires sensibles. Mais cette rencontre entre histoires personnelles et collectives rend ce travail profondément vivant. L’Algérie est pour moi une immense source de gratitude.
6 — Le “Fil Rouge” : que symbolise-t-il pour vous ?
Pour moi, le Fil Rouge représente le lien invisible qui unit les générations et les cultures. Rouge comme l’amour, la passion et le sang des racines. C’est lui qui guide mes pas et inspire mes créations.
7 — Après vos représentations en Algérie et votre premier long métrage, quelle est la suite ?
Nous continuerons à porter la voix du Fil Rouge partout où nous pourrons. Et plusieurs projets sont en cours… J’espère pouvoir les partager bientôt !
8 — Quel est votre livre de chevet en ce moment ?
Je change souvent de style : littérature classique européenne, africaine, américaine, théâtre et romans historiques. Parmi mes autrices préférées : Isabel Allende, notamment Inés del alma mia, Eva Luna et Largo pétalo de mar.
9 — Quel message souhaitez-vous transmettre aux décideurs dans un monde fragile ?
La plus grande force de ma vie a été de savoir d’où je venais. Je dirais : enseignez l’Histoire, même celle qui dérange. Connaître notre passé est essentiel pour éviter de répéter les mêmes erreurs — Machiavel le disait si bien.
10 — En tant que femme, qu’est-ce qui vous émeut le plus chez les femmes aujourd’hui ?
La sororité. Depuis ma première manifestation avec ma mère et ma sœur, j’ai senti cette force collective. Aujourd’hui, les femmes ne se contentent pas de poursuivre les combats : elles créent, s’expriment, brisent des codes. C’est une révolution héritée de nos grand-mères, puis de nos mères, et que nous continuons.
11 — Un message pour les lectrices et lecteurs de HORA magazine ?
L’histoire de chaque femme est unique, mais trop souvent oubliée. Demandez à vos mères, à vos aînées, de raconter leur vie. Vous serez surpris.
12 — Un dernier mot pour HORA Magazine ?
Merci de donner la parole aux femmes, et en particulier aux Algériennes, à travers vos magnifiques interviews.

HORA magazine – FEMME DU MOIS – Interview – Novembre 2025

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