L’HOMME DU MONDE
*Dac-Phat TRAN*
Artiste Photographe

Artiste Photographe
Peux-tu nous parler de ton parcours ?
Je m’appelle Dac-Phat TRAN, je suis né au Vietnam, pays de mon enfance, de mes racines et de mes premières émotions visuelles. J'y ai grandi, entouré des contrastes de lumière sur les paysages et les scènes simples du quotidien. Même si, à cette époque, je ne portais pas encore d'appareil photo autour du cou, je crois que mon regard de photographe était déjà en train de se former, silencieusement.
À l’âge de vingt ans, j’ai quitté mon pays pour Paris, une ville que je connaissais à travers quelques livres et récits. Une ville lointaine, presque imaginaire, mais qui m’attirait. J’y ai découvert un univers nouveau, si différent de chez moi, un lieu vivant où se rencontrent formes, couleurs et personnes.
J’y ai travaillé, construit ma vie, et c’est là que j’ai commencé à photographier. Au début, c’était juste pour le plaisir, pour garder une trace, un besoin d’observer, de raconter des choses sans dire un mot. J’ai compris que la photographie me permettait de rester en lien avec ce que j’ai toujours porté en moi : une certaine sensibilité au monde, un attachement aux petits riens, aux lumières douces. Mais très vite, ce plaisir est devenu profond.
Quelques années plus tard, ma route m’a mené à Toulouse, cette belle ville rose du Sud-Ouest, baignée de soleil et de chaleur humaine. C’est là que je vis aujourd’hui, entouré de ma famille. Je suis marié, père de deux enfants et récemment grand-père d’une petite fille qui, déjà, me donne un nouveau regard sur le monde.
Mon chemin de photographe n’a rien d’extraordinaire. Il s’est tissé simplement, au fil du temps, à travers les lieux que j’ai habité, les gens que j’ai croisé, les émotions que j’ai cherchées à saisir. C’est un regard qui vient de loin, nourri de cultures mêlées, de souvenirs enfouis, de beautés simples. Et aujourd’hui encore, chaque fois que je lève mon appareil, c’est comme une respiration. Une manière d’être au monde, de le voir autrement, et peut-être de le partager.


Ta pratique aujourd’hui ?
Au fil des années, ma manière de pratiquer la photographie a changé avec moi. Elle s’est enrichie grâce aux rencontres, aux projets et aux voyages. Ce qui était au début un simple regard curieux est devenu une démarche plus consciente, plus engagée, pour raconter ce que je vois et ce que je ressens.
Je couvre aujourd’hui des événements d’envergure : concerts, festivals multiculturels, défilés de mode… Des lieux où se mêlent les styles, les énergies et les identités. Ce sont des moments intenses, vibrants, où la lumière, les sons et les corps racontent une histoire commune. Dans ces instants, mon appareil devient presque une prolongation de moi-même.
Je travaille aussi avec des mannequins, des sportifs, des artistes, dans des univers très différents. Chaque séance est une rencontre. J’attache une grande importance à l’écoute et au respect de la vision de l’autre. Cette confiance donne souvent naissance à une sorte de fusion créative, un équilibre entre leur univers et le mien. Ces images nées à deux regards, sont souvent les plus fortes.
Et puis, il y a le voyage. Je me déplace dans toute la France et à l’étranger, toujours animé par l’envie de découvrir de nouvelles cultures, d’autres façons de vivre, d’autres lumières. Chaque pays, chaque ville a son atmosphère, sa manière d’exister. Et c’est cela que j’essaie de capter, avec humilité et attention.

Un engagement humanitaire discret mais essentiel
Au-delà de mes projets artistiques, j’ai à cœur de mettre la photographie au service de causes humaines. Depuis plusieurs années, je m’engage aux côtés d’associations locales et internationales dans des actions solidaires, droits des femmes, en milieu hospitalier, dans les restaurants sociaux ou lors d’initiatives de terrain. J’essaie d’apporter un regard bienveillant et respectueux sur celles et ceux que l’on oublie trop souvent.
Mon objectif devient alors un outil de rencontre, de dialogue silencieux. Je ne cherche pas le spectaculaire, mais l’authenticité. Ces images ne sont pas là pour choquer, mais pour révéler avec pudeur la dignité, la fragilité et la force de ces vies invisibles. Elles portent en elles un message : celui de l’attention, de l’écoute, et de la reconnaissance. C’est ma manière de rendre un peu de ce que la vie m’a offert. D’utiliser mon regard non pas pour capturer, mais pour offrir. Offrir une présence, une trace, une lumière. Simplement, humainement.
Ce qui t’inspire ?
L’inspiration me vient de choses simples. Une lumière inattendue entre deux bâtiments, un geste discret dans la foule, un regard qui dure un peu plus que prévu. Ces détails que beaucoup ne voient pas me touchent profondément. J’y ressens souvent quelque chose d’universel, de fragile et d’humain.
Je suis aussi inspiré par la diversité culturelle, les rituels, le mouvement, que ce soit dans le sport, la mode ou la musique. J’aime tout ce qui touche à l’expression de soi, à cette manière que chacun a de se raconter autrement que par les mots. Le rythme d’un concert, la tension silencieuse d’un shooting, la force d’un corps en action : tout cela me parle.
Je ne suis pas attaché à un style ou à une époque. Je m’inspire autant des grands maîtres que des nouvelles générations. Ce qui m’émeut, ce n’est pas la technique, c’est l’émotion, la présence, l’âme d’une photo. Une image peut être simple, mais si elle fait naître quelque chose chez celui qui la regarde, alors elle a réussi.
Mais au fond, mes plus grandes sources d’inspiration, ce sont les gens. Leur sincérité, leur différence, leur vulnérabilité. Chaque rencontre m’apprend quelque chose, m’ouvre un peu plus, me pousse à avancer.

Quels conseils donnerais-tu à une ou un jeune photographe ?
Je dirais d’abord : ne soyez pas pressés. La photographie est un chemin. Il se construit dans le temps, avec des essais, des erreurs, des doutes. Il faut apprendre à regarder, à attendre, à rater parfois.
Soyez curieux. Sortez, observez, écoutez. La vraie photo se cache souvent dans ce que l’on ne remarque pas tout de suite. Ce n’est pas en restant derrière un écran qu’on développe un regard.
Ne cherchez pas à imiter. Cherchez plutôt votre propre regard. Même si vous ne savez pas encore quel est votre style, posez-vous une question essentielle : Pourquoi je fais cette photo ? Qu’est-ce que je veux dire ?
Et surtout : soyez sincères. Avec les autres, mais aussi avec vous-mêmes. Une photo parfaite techniquement mais vide d’âme n’aura pas d’impact. À l’inverse, une image imparfaite mais vraie peut toucher profondément.
La photographie, c’est aussi ce que vous êtes. Ce que vous ressentez. Ce que vous avez vécu. Votre regard est unique. Osez le montrer.
Le parcours de Dac-Phat TRAN est celui d’un photographe habité par le regard, mais jamais enfermé dans l’image. Il ne cherche pas le spectaculaire. Il cherche le vrai, le simple, l’humain. Ses photographies ne crient pas : elles chuchotent, respirent, racontent. Elles invitent à ralentir, à regarder autrement, à se souvenir. À travers elles, on perçoit la lumière des lieux, mais surtout celle des personnes. Une lumière douce, sincère, et profondément partagée.
Car au fond, ce que Phat-Dac TRAN capte, c’est la beauté de l’instant, la mémoire d’un geste, l’émotion d’un regard. Et c’est cela qui reste, bien après que la photo ait été prise.
HORA magazine/ Toulouse
HORA magazine / l’HOMME DU MONDE/ Sept.2025
2 commentaires
Très inspirant ! La sincérité et lhumanité de Dac-Phat Tran transparaissent dans ses photos. Il capture vraiment la beauté des moments simples et des personnes. Les conseils sont excellents, surtout pour ne pas se presser et trouver son propre regard. Merci pour cet article lumineux !
Très inspirant ! La sincérité et lhumanité de Dac-Phat Tran transparaissent dans ses photos. Il capture vraiment la beauté des moments simples et des personnes. Les conseils sont excellents, surtout pour ne pas se presser et trouver son propre regard. Merci pour cet article lumineux !