Femme du Mois / l’Interview

par horamagazine

HORA a le privilège d’être ici aujourd’hui afin d’interviewer

Une femme inspirante et artiste passionnée 

SUIVEZ AVEC NOUS L’INTERVIEW 

 

Bonjour à vous, Chère madame

Nathalie rolland-huckel

Laqueur-dessinatrice pour les arts de la Table. Hermès. Présidente de la FREMAA et du salon RESONANCES

HORA magazaine-1—Parlez-nous de votre personne ?

 

Réponses-1- de Mme NATHALIE / Je suis, je suis née dans un petit village alsacien, entouré de mes parents et ma grand-mère, très bienveillante et attentive à ses petites filles. J’ai grandi avec mes deux sœurs dont je suis toujours très proche, dans une maison en bordure des champs et de la forêt, qui était notre terrain de jeu.

Notre père pour qui la nature était essentielle, aimait s’entourer de toutes sortes d’animaux : lapins, canard, écureuils (apprivoisés) oiseux, il y avait une grande volière dans le jardin, au fond du potager. Il nous emmenait ramasser des champignons, cueillir des myrtilles, c’était une enfance très proche de la nature.

C’est dans notre jardin que j’ai commencé à dessiner les fleurs qui m’entouraient. 

Mais c’est surement du côté de ma maman qu’il faut chercher, pour le côté sensible à l’esthétique de ce qui m’entoure, important pour elle, comme pour moi. 

Sa formation dans le textile a sans doute conforté son gout des belles choses, et s’occupant de ses trois filles, c’est nous qui avons profité de ses talents de couturière pendant de très longues années ; Ce n’est que depuis peu, en raison de sa santé qu’elle a renoncée à nous confectionner nos belles tenues. C’est ma sœur Sidra qui a repris désormais le flambeau et travaille le textile avec ses beaux sashiko brodés.

Nos parents ont été très attentifs à nous donner une bonne éducation et nous ont inscrites dans les meilleures écoles alsaciennes, où j’ai eu le soutien de mes professeurs, très jeune pour mon appétit des matières artistiques. Mes parents ont été à l’écoute quand j’ai voulu faire des études d’art, et m’ont encouragé dans cette voie, en m’inscrivant à des cours du soir à l’école des Arts décoratifs de Strasbourg et en finançant mes études à l’École nationale des arts décoratifs de Limoges après mon bac.

Je leur en suis éternellement reconnaissante, je connais tellement de personnes qui auraient rêvé de faire des études d’art, et que leurs parents n’ont pas accompagné.

C’est à Limoges aussi que j’ai rencontré mon mari, le peintre et graveur Aymery Rolland et que nous avons ensemble fini nos études dans cette école d’art.

Je partage toujours ma vie avec lui, depuis 39 années maintenant. Nous sommes installés dans mon village d’enfance depuis vingt ans, après avoir vécu à Paris et dans le midi de la France.

Notre fille Solène, âgée de 28 ans est depuis quelques mois de retour en Alsace, et s’est installée dans une petite ville tout près de chez nous.

Nous collaborons beaucoup toutes les deux, puisque Solène est verrier à la flamme et sculpteur sur métal.

Depuis presque une année, j’ai été promue au poste de Présidente de la Fédération des Métiers d’Art d’Alsace, la FREMAA, et ce après en avoir été la vice -présidente pendant douze ans.

C’est un grand honneur pour moi de défendre ainsi les métiers d’art: Notre évènement phare, le salon Résonances,( salon européen des métiers d’art contemporain) attire vingt mille visiteurs chaque année en novembre à Strasbourg, il est devenu au fil des éditions, (2025 en sera la treizième) le salon de référence de notre secteur en région.

 

HORA mag -2—Que signifie le beau chez vous à travers vos créations ? 

 

Réponses-2- de Mme NATHALIE : En réalisant mes objets, que ce soit une boite, un vase, un panneau d’ornement un bijou, j’essaye de créer une émotion chez celui qui regarde.

Je suis inspirée par la beauté artistique de la nature, j’essaye de la retranscrire dans mes créations par l’accord des couleurs, les graphismes précis et foisonnants.

Par la minutie que je mets dans la réalisation de chaque pièce, la perfection d’exécution, j’aimerais susciter un sentiment de somptuosité chez le spectateur.

La beauté de l’objet vient, je crois aussi, non seulement de la qualité de la matière qui la compose, de l’intensité colorée de la laque, mais aussi du temps passé à la création de chaque œuvre.

Elle veut refléter ce long et lent travail presque méditatif, car le beau, c’est aussi le gout du partage avec celui qui regarde.

 

 

HORA mag -3—Vos métiers sont de rares métiers riches, d’où vous vient cette passion ?  

 

Réponses-3- de Mme NATHALIE : J’ai toujours été attiré par la matière, c’est la relation toute particulière à la matière qui fait le métier d’art, c’est la transformation de celle-ci.

Je suis sensible à l’objet parfaitement réalisé, à la maitrise du geste que nécessite un objet d’art. Ils racontent une histoire, une histoire que le créateur (et qu’importe le domaine), a envie de partager, et qui exige un long et lent apprentissage.

J’aime le fort contenu esthétique véhiculé par nos métiers, et le jaillissement de l’inspiration qu’ils permettent.

On tire aussi une grande satisfaction de créer un bel objet.

Je m’inscris, je pense, dans cette tradition du bel ouvrage qu’on trouve dans toute la vallée du Rhin, où se situe l’Alsace, et peut-être plus simplement de l’émerveillement enfant, quand d’un bout de tissu informe naissait sous les doigts de maman de magnifiques robes et manteaux.

 

HORA mag -4Une petite tasse de longwy que vous avez aperçue chez votre grand-mère vous a guidez tout droit à l’école des arts décoratifs, racontez-nous d’où est venu ce déclic ?

 

Réponses-4- de Mme NATHALIE : Cette petite tasse de Longwy suscitait chez moi un sentiment de ravissement. Difficile d’expliquer pourquoi, cet objet provoquait chez moi, toute petite déjà tant d’émotion… La délicatesse de son décor, la finesse des coups de pinceaux… Que j’essayais de reproduire dans mes modestes aquarelles florales.

C’est une même émotion, plus importante encore qui m’a bouleversée quand j’ai découvert quelques années plus tard les miniatures des Très Riches heures du Duc de Berry au Chateau de Chantilly.

C’est à ce moment-là que j’ai décidé que je ferai un métier artistique.

Pour mon choix de me diriger vers la porcelaine, c’est ma toute jeune professeure de dessin au collège Lucie Berger de Strasbourg, Mademoiselle Régine Cardot., à qui je dois de m’avoir renseigné et aiguillé vers l’Ecole nationale des arts décoratifs de Limoges. Elle connaissait la manufacture Nationale de Sèvres, et me parla de cette grande maison d’excellence en me donnant très envie d’y passer ma vie.

L’école de Limoges était la seule école à préparer un diplôme qui permettait de passer le concours pour être peintre à la Manufacture, me voilà donc partie vers cette vie toute nouvelle pour moi en limousin.

 

 

HORA mag -5Mme Nathalie, la manufacture Bernardaud a édité votre premier service de table signé {les folies de Bagatelle} vous a ouvert de grandes portes vers l’industrie de la porcelainière mondiale Quel était votre sentiment à ce moment-là en accèdent à un monde de luxe ?

 

Réponses-5- de Mme NATHALIE : Mon premier contact avec la manufacture Bernardaud s’est fait lors d’un stage effectué dans leur bureau de création alors que j’étais étudiante en deuxième année à l’Ecole des arts décoratifs.

Toute jeune stagiaire, cette immersion au sein de l’une des plus prestigieuses manufactures de porcelaine de Limoges a été une révélation, et c’est vers les métiers de la création que je me suis alors orientée, délaissant mon idée première d’être peintre à la manufacture de Sèvres.

Frédéric Bernardaud devant mon enthousiasme, me proposa une carte blanche sur le thème des Folies de Bagatelle, pour la création d’un nouveau service, et ce fut un beau challenge qui s’engagea.

Je me souviens avec émotion du soir de lancement à Bagatelle, ou la créatrice Catherine Bergen, très réputée dans le milieu de la porcelaine, me fit un compliment !

Je remercie Frédéric pour la confiance qu’il m’a accordée alors, un moment déterminant pour ma vie professionnelle.

 

HORA mag -6Mme Nathalie, de par la porcelaine, vous êtes revenue au métier d’art et comme une évidence la laque, qu’est-ce qui vous fascine dans cette matière ?

 

Réponses-6- de Mme NATHALIE : Ce sont les Inrôs japonais du musée Guimet qui m’ont donné envie de travailler la laque. Ces objets d’une perfection technique absolue me fascinent littéralement.

Un poli parfait, des décors d’un très grand raffinement, l’emploi de l’or, la laque permet une expression artistique très variée. Non seulement par l’emploi d’une palette de couleurs très large (je parle de la laque française que je travaille), de la diversité des matériaux que l’on peut laquer.

(Bois, céramique, métal, papier, corne.) la taille des objets, du bijou au panneau d’ornement mural, l’inclusion et l’association de diverses matières, la nacre, l’or.

L’utilisation de techniques très variées, incrustation de teinte, repiqués, jeux de cache… C’est la possibilité d’expérimenter, d’essayer toujours de nouvelles choses que je trouve formidable.

C’est aussi la possibilité de collaborer avec beaucoup d’autres artisans d’art, puisque j’ai besoin de pièces que je recouvre de leur parure de laque. C’est un plaisir de collaborer avec des tourneurs, ébénistes, céramistes, dont ma sœur Coralie, installée au Canada et qui se consacre à la céramique depuis une dizaine d’années. Nous avons réalisé plusieurs collections de boites et flacons à quatre mains. 

Plaisir aussi de collaborer et d’échanger pour nos créations à quatre mains avec ma fille Solène. Je pense que je n’aurai jamais fini d’apprendre, ce qui est une grande motivation pour les années à venir !

 

HORA mag -7 —Mme Nathalie, parlez-nous de votre belle collaboration avec la maison par excellence (Hermès) par rapport à l’art de la table et d’une pièce unique {la montre en laque pour Hermès}, comment avait vécu cette belle expérience ?

 

Réponses-7- de Mme NATHALIE : Cela fait maintenant presque trente ans (29 exactement) que je collabore avec la maison Hermès.

J’ai eu la grande chance de collaborer pendant plus d’une dizaine d’années directement avec Monsieur Jean-Louis Dumas, qui s’occupait alors de la direction artistique.

C’était un homme remarquable, un œil très juste, très pertinent, toujours dans ses remarques et une remarquable personne du point de vue humain.

Jamais je ne pense, un dirigeant d’une société d’une telle envergure internationale aura autant été apprécié par les dessinateurs et les créateurs collaborateurs de la maison.

Hermès est devenu un très grand bateau qui ne se dirige plus comme il y a trente ans, le côté familial n’est plus aussi présent, même si la maison reste d’une fidélité rare envers ses dessinateurs. Lors de mes rendez-vous, je me sens toujours accueilli, et on est un peu à la maison, alors rue d’Anjou, et fier d’en faire partie.

Il faut souligner aussi que la maison Hermès est une des rare maison de luxe à rétribuer ses dessinateurs sur les ventes, c’est quelque chose de très important pour nous artistes.

C’est Christine Duvigneau, alors directrice du studio dessin, connaissant mon travail de laque, qui a fait le lien avec Philippe Delhotal, directeur artistique de la montre Hermès.

Philippe m’a proposé d’adapter mes dessins du service de table Cheval d’Orient à des cadrans de montre.

Ce fut un beau challenge technique, et le début d’une belle collection, qui dure toujours. 

J’ai fait quelques démonstrations de ce savoir-faire rare lors de voyages passionnants à Taiwan et au Vietnam à l’invitation d’Hermès ; c’était un grand honneur de rencontrer certains clients et des moments d’échange passionnants.

 

 

HORA mag -8 — vous partagez votre passion avec votre public et surtout avec vos proches, votre mari, le peintre et graveur Aymery Rolland, et votre fille Solène, orfèvre et verrier à la flamme

(L’Atelier de Salem) comment réagissent, ils font à un tableau, un objet ou un bijou, créez par vous avec émotion ?

 

Réponses-8- de Mme NATHALIE : Avec mon mari et avec Solène, nous parlons bien sûr beaucoup de création, nous sommes tous les trois passionnés : parfois dès le réveil, Aymery, si cultivé dans son domaine, me parle d’un peintre dont il a vu le travail, d’une exposition, de ses lectures et c’est vraiment une grande chance de pouvoir échanger ainsi. Il est toujours positif envers mon travail et est d’un grand soutien. Il comprend aussi que parfois, je peux passer des soirées à travailler à l’atelier, et que le temps est compté !

Solène, m’encourage bien sûr toujours beaucoup, comme je le fais aussi pour elle, me félicite le plus souvent, mais n’hésite pas à me le faire savoir quand elle trouve, elle trouve qu’une pièce est un peu moins bien, ou qu’un détail pourrait être amélioré et je suis assez rassurée d’avoir son regard et son œil expert bien que toute jeune.

Nous l’avons tant emmenée enfant, dans toutes les expositions que nous visitions, que nourrie d’art qu’elle est devenue vraiment compétente dans ce domaine. Je suis contente d’avoir réussi cette transmission.

 

HORA mag -9 — Mme Nathalie, quel conseil donnerez-vous aux personnes qui vivent soit la même passion ou dans d’autres passions confondues ?

 

Réponses-9- de Mme NATHALIE : Le conseil que je donnerai à des plus jeunes (j’ai souvent des étudiants stagiaires de l’École nationale supérieure des arts appliqués de Paris, c’est la seule formation en Laque en France qui forment six élèves par an) c’est d’être très volontaires et engagés.

Les métiers d’art sont des métiers où il faut travailler beaucoup, on ne compte pas son temps, ni ses horaires, quand on a un salon à préparer par exemple.

Il faut se cultiver, beaucoup, regarder, essayer de comprendre les techniques et les gestes, mais bien sûr, il faut voir aussi énormément et le plus possible d’expositions, de musées, de choses qui aiguisent l’œil qui augmentent la connaissance.

Il faut rappeler que nos métiers nécessitent avant tout une éducation de l’œil et une connaissance de l’art, de qui s’est fait avant, et de ce qui est en train de se faire. Être curieux est une clef importante pour avancer.

Un conseil aussi ; avoir confiance en soi et ne pas hésiter à se faire entourer par d’autres compétences : communiquer, gérer une affaire, vendre, il n’est pas facile de tout assurer seul, savoir déléguer est un atout.

 

 

HORA mag -10 — Qu’est-ce qui vous émut chez une femme aujourd’hui ?

 

Réponses-10- de Mme NATHALIE : Je pense que la sensibilité féminine a beaucoup à apporter au monde, particulièrement en ces temps mouvementés.

Je suis touchée par la capacité énorme des femmes à se réinventer, trouver des solutions même dans l’adversité, à être créatives, battantes et courageuses.

 

HORA mag -11— Mme Nathalie autant que femme HORA, Quel message avez-vous à transmettre aux femmes lectrices de HORA magazine ?  

 

 

Réponses-11- de Mme NATHALIE : Je pense que les femmes peuvent rendre le monde meilleur . Il faut faire entendre davantage nos voix. Nous sommes la moitié de l’humanité !

Imposons plus de bienveillance, de lutte contre la violence, plus que jamais dans cette période si troublée.

C’est nous qui donnons la vie, nous savons à quel point elle est précieuse, et à quel point il est important de la vivre pleinement.

 

HORA mag -12- Que  souhaitez-vous à votre fille qui baigne dans le même monde de l’art que vous ? 

Réponses-12- de Mme NATHALIE : Ce que je souhaite à ma fille, c’est de se réaliser : d’être heureuse dans ce qu’elle fait tous les jours, de se réaliser en tant qu’artiste, mais aussi en tant que femme dans le monde actuel.

De garder une grande attention aux autres, comme elle le fait depuis toujours, d’être une belle personne, et d’être en harmonie avec ses valeurs.

Être bienveillante, apporter du bonheur et de la joie aux autres avec mes créations, c’est ce que je tente également de faire au quotidien.

Parce que même si l’art ne peut pas changer le monde, contempler un bel objet peut faire du bien ne serait-ce qu’un moment fugitif….

 

HORA mag -13- Mme Nathalie, a l’approche de la journée internationale de la femme, quel message adressiez-vous aux femmes Algériennes et aux femmes du reste du monde ? 

Réponses-13- de Mme NATHALIE : Pour la journée internationale de la femme en Algérie le 8 mars, je souhaite à toutes d’être fières d’être des femmes. Tisser des liens par-delà les frontières, construire ensemble un monde plus apaisé, favoriser les échanges, sources de richesses entre les humains, c’est par elles toutes, c’est par nous toutes que cela sera possible.

Soyons fortes.

 

Merci de nous avoir invités à réaliser cette belle interview

Solène : #latelierdesalem

Mon mari : #aymeryrollland_artiste

Ma sœur Coralie : #Coralie_huckel

Ma sœur Sidra: #latelierdesidra

et le mien : #nathalie_rolland_huckel

mon site: www.nathalierollandhuckel.com

 

HORA magazine / Femme du Mois / l’interview 

Février 2025 

SUIVEZ NOTRE ACTUALITÉ

Laissez un commentaire

Le Magazine Des Femmes Du Monde

ARTICLE RÉCENT

contact

  1.  

Newsletter

L'actualité de horamagazine.com dans votre boite mail

Votre adresse de messagerie est uniquement utilisée pour vous envoyer notre newsletter. Vous pouvez à tout moment utiliser le lien de désabonnement intégré dans la newsletter. En savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits 

Votre adresse de messagerie est uniquement utilisée pour vous envoyer notre newsletter. Vous pouvez à tout moment utiliser le lien de désabonnement intégré dans la newsletter. En savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits 

@2022 – All Right Reserved. Designed and Developed by Hora magazine