AU NOM DES FEMMES VIOLENTEES

par horamagazine

AU NOM DES FEMMES   

                            VIOLENTEES..

 

 

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Ce cri vient du cœur ;

L’histoire se déroule dans un petit patelin en Algérie, 

 

IMENE… Est le prénom de cette jeune fille, douce, belle, intelligente, vivante, rêveuse malgré les conditions modestes de vie qu’elle menait avec ses parents et ses deux grands frères, elle était la cadette de sa fratrie et la plus gentille.

Imene obtint son baccalauréat et fut le plus beau jour de sa vie, rêvant de poursuivre des études supérieurs, décrocher un poste de travail, rencontrer l’amour (pourquoi pas), se marier et fonder une famille, bref les souhaits banals des communs des mortels,

Mais hélas ce ne fut pas le cas…

Un jour d’automne tout bascula, Imene était seule à la maison lorsqu’elle entendit toquer à la porte. Elle demanda : qui est là ?

C’est moi, répondit son cousin, certes il est l’habitué des lieux mais toujours en la présence de quelqu’un, car voyez-vous les deux familles s’étaient jurées dans le 

 

…HORA magazine……………………………………………… Décembre 2021……………………

 

Passé de les marier une fois grands, ce jour-là, étant seule à la maison elle refusa de le faire entrer, mais il persiste se justifiant (derrière la porte) d’aller chercher sa veste oubliée l’avant-veille lorsqu’il était venu rendre visite à l’un de ces deux frères, malade ; 

La jeune fille s’exécuta, elle ouvrit la porte, bien décidée à être expéditive, sans pour autant savoir qu’elle allait ouvrir la porte de sa perte.

Oui, chétive et sans défense devant un corps robuste faisant au moins 30 kilos de plus qu’elle, à sa force, à sa stature, essayant de se dégager, le suppliant de la laisser tranquille, ce monstre humain, animé par une bestialité sans égal, s’empara de son corps et abusa d’elle et ce fut la chute aux enfers pour Imene.

En terminant son acte odieux, il s’est rhabillé en lui disant qu’il fallait que cet épisode reste entre eux, parce que de toutes les façons il comptait l’épouser et sont considérés comme fiancés depuis toujours.

Tremblant comme une feuille pleurant toutes les larmes de son corps, Imene n’a jamais trouvé le courage d’en parler à ses proches ni à qui que ce soit, elle a enseveli ses mots et ses maux dans son cœur, elle se sent salie souillée et coupable comme toute personne violée, pensant au suicide des milliers de fois, sa vie s’arrête et rentre dans une dépression terrible.

Parler ! Pourquoi parler ? 

Pour entendre les spéculations du genre : pourquoi elle a ouvert la porte ? Ou : surement c’est elle qui l’a provoqué. 

Ou pire : elle a déshonoré sa famille.

C’est cet environnement social qui justifie le crime du viol à cause des inégalités des sexes et des lois de l’ordre public patriarcal.

C’est dans cette société ou ma liberté ne s’arrête pas où commence celle d’autrui, puisque ma liberté doit être celle d’autrui.

C’est dans cette société ou l’hymen de la jeune fille garantit l’honneur de sa famille, voire celui de toute la communauté.

C’est dans cette société ou le viol est gravé en lettre V écarlate sur le buste de la femme violée jusqu’à sa mort.

Les violences sexuelles en Algérie ne sont pas des faits nouveaux, depuis toujours, pendant la colonisation, la guerre de libération, la décennie noire ;

cette période qui a connu la plus grande violation des droits fondamentaux , ces viols qui ont été commis pendant cette décennie maudite par des inconnus ou des terroristes, vont rester impunis car nos gouvernants ont tenté d’enterrer les viols et violences faites aux femmes, par l’amnistie décrétée, à défaut de trouver une solution pour éradiquer le terrorisme .Que sont devenues ces femmes et ses enfants ? Qui pour la plupart ont été rejetées par leur famille car elles portent la HONTE.

Les souffrances des victimes sont mises en sourdine et sont condamnés à vivre avec leur bourreau, à jamais et dans l’impunité.

…HORA magazine……………………………………………… Décembre 2021……………………

 

Dans l’article 336 du code pénal Algérien, le viol n’est pas clairement défini, il est sévèrement sanctionné lorsqu’il s’agit de « pénétration sexuelle qui se traduit par un accouplement d’un homme avec une femme », mais ne couvre pas l’utilisation d’objet ou la pénétration d’autres orifices, ni le viol des petits garçons, pour lesquels on qualifie d’attentat à la pudeur. Certes l’article ne dépénalise pas le viol si le coupable épouse sa victime comme le font d’autres pays comme la Syrie, la Lybie.., mais les procédures restent lourdes, difficiles et dissuasives pour les victimes 

 

Imene est enceinte ! Le fruit d’un viol ! 

Elle pense à se débarrasser du bébé mais comment ? Elle est jeune, ne connait rien ; 

Qu’en est-il du droit fondamental de disposer de son corps ? NON, elle n’a pas le droit d’avorter ni de recourir à l’interruption thérapeutique de grossesse dans le cas d’un viol, c’est comme dire au violeur tu auras toujours le dernier mot, on n’est pas libre finalement.

Imene a été forcée d’épouser son violeur pour sauvegarder ce qui reste de l’honneur dont elle est la garante, donner naissance à un enfant qu’elle n’a pas voulu ni choisi et subir les dispositions rétrogrades d’une société qui justifie le viol. 

Pendant cette union forcée et même avec la naissance de l’enfant, Imene subit pendant des années, des violences perpétrées et des menaces de mort de la part de son bourreau de mari, allant déposer plainte aux commissariats maintes fois mais aussitôt dissuadée, car souvent, pas prise au sérieux ou mal vue.

La victime elle-même peine a sauter le pas de la plainte car formatée depuis toujours à avoir des scrupules et des réticences à dénoncer son mari, on lui demande de comprendre sa colère et on la rassure que c’est normal qu’un mari violente sa femme. 

On lui demande d’établir un certificat qui est problématique, car seul un certificat d’incapacité temporaire de travail de 15 jours permet à la qualification de délit ou de crime. Ces certificats qui ne rendent pas compte des conséquences psychologiques de la victime.

Déposer plainte contre son mari et revenir au domicile conjugal pour qu’elle soit justement doublement sanctionnée par lui ou mettre sa vie en péril !

L’état devrait apporter de l’aide à ces victimes sans ressources et les placer dans des établissements spécialisés et non pas retourner vivre avec leur bourreau.

« Et la cerise sur le gâteau » c’est cette clause du pardon instaurée par la loi qui met fin aux poursuites judiciaires, souvent obligées de le faire, ces victimes abandonnent leur cause, (procédures trop contraignantes et couteuses) ou par peur, comme c’est le cas de Imene jusqu’au jour où son mari la tue en la poussant sur les marches d’escaliers provoquant une hémorragie cérébrale mettant fin à sa vie et à ses souffrances.

…HORA magazine……………………………………………… Décembre 2021……………………

 

Imene est la victime d’une société ou lorsqu’une femme est tuée par un conjoint, un frère ou un père, les gens posent la question suivante : mais qu’a-t-elle fait ?

Imene est la victime d’un système judiciaire complexe et d’une société lyncheuse.

Malgré les amendements apportés aux code pénal Algérien, grâce aux mouvements féministes et associatifs, car il faut admettre que ces violences faites aux femmes sont signalées et dévoilées surtout grâce à ces derniers et au travail grandiose qu’ils font comme la sensibilisation et autres, les victimes comme Imene peinent toujours à recourir à la justice et obtenir gain de cause.

Il faut savoir que l’Algérie a ratifié des conventions internationales et des traités relatifs aux droits de la femme notamment la convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes de 1996, mais qu’en n’est-il vraiment de l’application de ces lois sur le terrain ? 

Ces lois internationales sont-elles en adéquation avec les lois nationales ?

La raison pour laquelle l’Algérie a émis de nombreuses réserves à la convention CEDAW et qui s’avèrent incompatibles avec l’objet de cette dernière.

Lorsqu’on revient aux rapports publiés par les organisations telles qu’Amnesty International, ou la ligue Algérienne des droits de l’homme sur les violences faites aux femmes en Algérie, on est perplexe, je cite : 

« Dans le contexte de la nouvelle constitution de 2020, Amnesty International s’inquiète des implications concrètes de la plupart des nouvelles références aux droits humains, en raison de dispositions qui conditionnent ces droits à des lois nationales au lieu de prévoir des garanties constitutionnelles claires et dépourvues de toute ambiguïté. Or bien souvent, ces lois nationales affaiblissent les droits en question.»

Pour sa part, le vice-président de la ligue Algérienne pour la défense des droits de l’homme, déclare en avril 2021 que : l’Algérie a la particularité de ratifier les conventions internationales et ne pas les appliquer. »

Nous espérons que l’Algérie revoit ses réserves à la convention.

Personne ne nie l’effort de l’état mais il reste beaucoup à faire et à corriger… 

La constitution algérienne garantit l’égalité entre les sexes dans tous les domaines de la vie, notamment l’article 40.

Au nom de IMENE, IKRAM, MANEL, TINHINENE, HANANE, KENZA, AMANI, AMIRA, ASMA, DAHIA, YASMINE, AOUICHA, KARIMA, FATEMA … et j’en passe , 44 femmes tuées depuis janvier 2021 par un conjoint ou un père ou un frère, chacune son histoire, mais un seul et unique destin, elles sont violentées et tuées par ce qu’elles sont FEMME. 

…HORA magazine……………………………………………… Décembre 2021……………………

 

Nous demandons que justice soit faite pour ces victimes et toutes les victimes qui souffrent en silence ;

Nous demandons la reconnaissance du Féminicide en tant que tel par le législateur Algérien et le rendre visible et doublement réprimandé ; 

L’abolition de l’article 326 du code pénal, qui encourage nos jeunes filles au mariage arrangé suite à un abus, puisque cette loi dépénalise le ravisseur qui détourne ou enlève une mineure, s’il l’épouse ;   

La modification de l’article 336 du code pénal Algérien ;

La suppression de la clause du pardon dans le cas des violences faites par le conjoint ;

L’instauration des programmes spécifiques pour sensibiliser et ancrer les principes des droits humains et de l’égalité entre les genres adoptés par l’Algérie ;

La mise en bonne pratique l’arsenal législatif adopté par l’Algérie en vue de lutter efficacement contre les différentes formes de violence ; 

La mise en œuvre des lois permettant un accès facile et immédiat aux tribunaux et assurant des audiences équitables ;

Les femmes et les filles doivent connaitre leur droits et disposer des moyens pour les revendiquer ;

Les comportements et les stéréotypes sociaux doivent être remis en question et changés ;

Nous demandons également de revoir le code de la famille et d’abolir les lois jugées discriminatoires et en contradiction avec les dispositions des conventions internationales ratifiées par l’Algérie.

La question des droits de la femme est vitale pour le développement de nos sociétés.

Cet Article et proposé par 

— Mme Warda BERRAHOUI— Avocate et Militante Des Droits Humains image

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