LA FEMME HORA DU MONDE

par horamagazine

Nina Bouraoui

Ecrivaine 

PORTRAIT 

Véritable phénomène de la littérature française, Nina Bouraoui est un écrivain dont les œuvres, largement autobiographiques, font régulièrement l’actualité. Ses romans, au style particulier, sont à l’image de sa vie, faite de déchirements et de paradoxes identitaires. Balancée entre deux pays, homosexuelle déclarée, la belle et rebelle nous promène d’un roman à l’autre au gré de ses errements.

Sauvage, Nina Bouraoui l’est depuis son enfance. 

Née à Rennes est née à Rennes en 1967, d'un père algérien originaire de Jijel et d'une mère bretonne, elle vit en Algérie jusqu’à quatorze ans. Ses parents ne fréquentent que les familles métissées, les « bi » comme on les appelle là-bas, et elle découvre avec eux le désert du Tassili ou du Hoggar. Elle développe très tôt un penchant pour l’univers masculin, arborant cheveux courts et délaissant les poupées. Dans l’aridité des décors qui l’entourent, elle s’imagine la jumelle du Petit Prince. S’enfermant dans sa chambre, elle se met frénétiquement à écrire et dessiner tout cela, et commence à prendre conscience de son ambiguïté.

Au début des années 80, Nina Bouraoui va être arrachée sans préavis à son Algérie. Sa famille en vacances dans l’hexagone ne peut subitement plus retourner au pays. 

Elle va vivre cette période comme un drame, car elle ne peut faire d’adieux ni récupérer de souvenirs de sa vie d’avant. Ce sera également pour elle une seconde naissance, car elle doit s’habituer à un mode de vie radicalement différent.

–Son parcours reste flou, jusqu’à la parution de son premier roman à l’âge de 24 ans, La voyeuse interdite. Prix du livre Inter en 1991, cette tragédie révèle les pratiques d’un autre temps, subies par les femmes dans les pays maghrébins. Véritable cri du cœur, l’acuité de ses portraits de créatures recluses et humiliées fait mouche.

Ses romans, accouchés dans la douleur, lui servent d’exorcisme. Dans    Le Bal des murènes qu’elle publie en 1996, elle se met dans la peau d’un petit garçon qui exhume un lourd secret familial. Dans ce roman, très remarqué à sa sortie, Nina l’écorchée reporte une violence telle qu’elle avouera plus tard être incapable de le relire.

Quatorze ans plus tard, elle publie son neuvième roman, Mes Mauvaises penséesPoursuivant sa quête introspective, elle y décline les thèmes qui lui sont chers, son homosexualité, sa double naissance, son admiration pour l’écrivain    Hervé Guibert, via ses rendez-vous hebdomadaires avec un « certain Docteur C ». Véritable quintessence de l’univers de l’écrivain, le livre, encensé à sa sortie, est récompensé par le Prix Renaudot en 2005.

Dans sa dernière œuvre, Appelez-moi par mon prénom qui paraît en 2008, Nina Bouraoui se questionne, à la manière de Marguerite Duras, sur la frontière ténue entre l’œuvre et le privé à travers l’histoire d’amour à distance entre un écrivain et son admirateur. Ce livre, à l’écriture élégante et singulière –il est totalement écrit à l’imparfait – est la preuve de l’apaisement de son auteur, qui semble délaisser pour l’instant ses vieux démons et le chaos de son passé. La garçonne du désert ira même jusqu’à confier : «    Je voudrais que ce soit un livre pour les amoureux et pour tous ceux qui ont perdu la foi en l'amour. ».

Grand Seigneur

Lecture musicale

crédits photos / Nina Bouraoui (photo © Patrice Normand) et Souad Massi (photo © DR)

Réunies sur scène avec deux musiciens, Nina Bouraoui et Souad Massi mêleront leurs voix pour partager avec nous ce récit filial empli d’une émotion juste.

Notant que Souad Massi est née elle aussi à Alger, a fait de l'exil l'un des thèmes centraux de son répertoire. Installée en France depuis 1999

Avec Nina Bouraoui (texte, lecture), Souad Massi (chant, musique), Mokrane Adlani (violon) et Nazim Bakour (guitare).

En guise de cadeau suivi Nina Bouraoui qui était invité à l’émission Maison de la poésie -Scène littéraire venue présenter son nouveau livre Grand Seigneur, publié aux éditions JC Lattès

Face à la douleur, Nina Bouraoui trouve refuge dans l'écriture, entrelaçant la vie de son père à la sienne. De Paris à Alger, elle fait revivre tous les souvenirs, dépeignant un art de jouer, d'aimer, et d'observer. Elle offre le récit poignant d'un grand seigneur à l'existence romanesque, explorant les secrets qu'il emporte. Ce texte émouvant capture la perte et un rendez-vous avec la mémoire et l'amour.

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